Croire aux fauves, Nastassja Martin

Croire aux fauves, Nastassja Martin

«Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du
Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites
physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du
mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné.»

Croire aux fauves est publié dans la collection Verticales chez Gallimard

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  1. Guillemette Galland
    dit :

    J’ai lu ce livre dans les premiers jours du confinement et cela a été un vrai choc. Une telle autre façon d’envisager le rapport au monde !
    Ça a été une grosse bouffée d’air, une leçon d’apprentissage et d’ouverture. Une belle aventure écrite sobre et belle. Un coup de cœur !
    Cet extrait a été tellement en résonnance avec ce que nous avons vécu ces trois derniers mois…

    « L’enfant possède une chose que l’adulte cherche désespérément tout au long de son existence : un refuge. Ce sont les parois de l’utérus avec tous les nutriments affluant quotidiennement qu’il faut parfois arriver à reconstruire autour de soi. J’ai l’étrange impression que lorsqu’on échoue, le monde cherche à nous y remettre par un coup du sort, quelque chose du dehors nous rappelle à la vie intérieure en nous enfermant dans un huis clos -à priori- lugubre, mais en réalité salvateur. Quatre murs étroits, une petite porte et des contacts restreints – Hugo sur l’île dans la paroisse face à la mer compose ses vers ; Soljenitsyne dans les bois du Vermont se ressaisit de l’histoire russe ; Trotski dans ses prisons échappe à la mort et écrit ; Lowry dans sa cabane face à la mer rassemble le bruit du monde pourtant invisible d’où il se trouve. Que fais-je d’autres que ce qu’ils ont accompli, depuis ma forêt sous mon volcan au retour de la presque-mort qui m’a guettée ? Que fais-je d’autre qu’oser un pas de côté pour mieux voir, voir les signes qui pulsent en moi et qui annoncent l’Époque, ses contradictions, sa fureur, sa tragédie et son impossible reproduction ? J’ai vu le monde trop -alter- de la bête ; le monde trop humain des hôpitaux. J’ai perdu ma place, je cherche un entre-deux. Un lieu où me reconstituer. Ce retrait-là doit aider l’âme à se relever. Parce qu’il faudra bien les construire, ces ponts et portes entre les mondes ; parce que renoncer ne fera jamais partie de mon lexique intérieur ».

  2. C’est un récit, très court. La jeune anthropologue, fascinée par les ours, raconte un événement terrible. Un ours lui a arraché le visage lors d’une expédition. Elle appelle cela  » le baiser ». Très ambigu…En fait, c’est le journal de sa dépression. Elle n’a qu’une idée, retrouver l’ours. Partager avec lui…
    Intéressantes comparaisons et rivalités entres les hôpitaux : au Kamtchatka, à la Salpétrière à Paris puis au CHU de Grenoble.
    Le sang des blessures de NM, puis le sang de l’abattage des rennes , c’est glauque ! Ou gore…
    La fin du récit m’a un peu lassée. Globalement, j’ai apprécié moyennement ce livre…
    Le thème m’a fait penser au conte de Joy SORMAN,  » La peau de l’ours », que j’ai lu en 2014. N.Martin le connaît certainement : L’ enfant-ours, né de l’accouplement d’une jeune femme et d’un ours qui l’a ravie, a grandi et raconte l’histoire…
    Je me doute que d’autres que moi apprécieront la profondeur et la poésie du livre de N. Martin…

  3. Marie-Séverine DUBREUIL
    dit :

    L’auteur, anthropologue, s’empare d’un sujet déjà traité en littérature (« Le lambeau ») ou au cinéma (« The revenant ») et pourtant on se laisse prendre par son récit de reconstruction physique et psychique après une attaque d’ours qui l’a défigurée. Ce roman, à la limite du surnaturel, interroge le lecteur sur son rapport à la nature et à sa place dans le monde. Il ne laisse donc pas indifférent.

  4. « Miedka » : chez les Évènes, la personne qui survit à la rencontre avec un ours prend une part de son être et devient maudite. C’est ce qui est arrivé à la jeune anthropologue Nastassja Martin lorsqu’en 2015 elle se fait mordre au visage par un ours croisé dans la montagne. Elle raconte les opérations multiples à Moscou et à Paris, la solitude de la guérison, qui passe forcément par le questionnement. Pourquoi est-elle fascinée à ce point par l’altérité, la confrontation avec diverses tribus, la recherche d’autres mondes, d’autre chose, ailleurs ? Un questionnement qui la pousse quelques mois plus tard à retourner sur les lieux du drame afin de comprendre, pour pouvoir se libérer et continuer à vivre avec cette part d’ours en elle. Ce récit fort et magnifique (qui n’est pas un roman), passionnant, vibre en nous au-delà de l’expérience de l’auteur.

  5. Je dois avouer à regrets que je n’ai pas réussi à entrer dans l’univers de ce livre, peut-être étais-je dans de mauvaises dispositions pour accueillir le récit de l’auteur. J’étais un peu perdue entre tous les personnages, leurs liens particuliers avec le personnage principal, et tous les lieux.
    Certains beaux passages m’ont plu par leur profondeur, mais je dois avouer que j’étais contente d’arriver à la fin.

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