Le Chant du poulet sous vide, Lucie Rico

Le Chant du poulet sous vide, Lucie Rico

La mère est morte. Sa fille, Paule, revient à la ferme et à son élevage de poulets. Citadine, elle se retrouve à devoir s’occuper d’eux, les tuer et les vendre au marché. Quitte à devoir négliger son mari architecte. Mais en mettant à mort les poulets, Paule renouvelle sans cesse le deuil de sa mère. D’autant qu’elle s’attache à eux et ne parvient à les sacrifier qu’en leur rendant hommage, en écrivant leur biographie, en leur créant des stèles. Le roman est ainsi ponctué de biographies de poulet qui deviennent de plus en plus funestes. Paule trouve pour chaque petite bête un caractère. Ces biographies précèdent de peu la mise à mort. Ecrire devient à Paule aussi nécessaire que tuer.
Mais Paule entend améliorer l’existence des poulets. Elle retourne en ville avec un projet d’exploitation révolutionnaire. Le passage à l’échelle industrielle n’est pas sans risque, Paule commence à douter d’elle-même. Prise à son propre piège d’humaniser la viande à consommer, d’écrire des fictions sur les poulets. Le conte que Paule s’est inventé vire à l’absurde. Les personnages principaux du livre deviennent les poulets. Et l’humanité déraille doucement, victime de ses compromis entre son désir fou de consommation et de ses stratégies de dénégation d’une réalité sanglante.

Le Chant du poulet sous vide est publié aux éditions P.O.L

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  1. Marie-Séverine DUBREUIL
    dit :

    Roman singulier qui, au rythme de charmantes biographies de poulets, nous invite à nous interroger sur notre façon de vivre et de consommer. Nous suivons Paula, l’héroïne, glisser progressivement vers la folie quand elle sent que sa vie lui échappe.

  2. Quel est l’intérêt de ce roman sur une végétarienne qui hérite d’un élevage de poulets, adore les tuer et écrire leur biographie avant de les vendre, mais ne les mange pas et qui se laisse embobiner pour créer une « ferme urbaine » où les poulets seront heureux sur des pelouses en plastique ? Je suis restée aussi hermétique à l’histoire que l’emballage d’un poulet sous vide peut l’être… Et si j’ai pu me forcer à aller au bout du livre, c’est uniquement parce qu’il est plutôt bien écrit.

  3. Guillemette Galland
    dit :

    Un roman original – enfin ! – J’ai beaucoup aimé être emportée dans cette histoire dont la narratrice tire l’écheveau jusqu’au bout, en nous ménageant de belles surprises en route. Je me suis régalée du côté loufoque et déjanté de l’histoire, qui même si elle reprend le thème du deuil de la mère, le conjugue à un temps vraiment différent. Je ne parlerais pas d’un coup de cœur, mais j’ai bien aimé.

  4. Complètement abracadabrante ce roman. Incroyable ! Je passe de la fille qui ne peut se passer d’un ours à une autre qui laisse tout tomber pour vivre avec des poulets. Elle les adore. Ils peuvent dormir dans son lit. Elle donne un nom et écrit la biographie de chacun avant de les saigner et de les vendre au marché, personnalisés. Je classe personnellement ce roman en dernier, j’ai été insensible à l’humour (macabre). Désolée…

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