L’odeur de chlore, Irma Pelatan

Couverture fond piscine du roman L'odeur de chlore
L’odeur de chlore, Irma Pelatan

« L’Odeur de chlore, c’est la réponse de l’usager au programme « Modulor » de l’architecte Le Corbusier. C’est la chronique d’un corps qui fait ses longueurs dans la piscine du Corbusier à Firminy. Le lieu est traité comme contrainte d’écriture qui, passage de bras après passage de bras, guide la remémoration. Dans ces allers-retours, propres à l’entraînement, soudain ce qui était vraiment à raconter revient : le souvenir enfoui offre brutalement son effarante profondeur.
Quelque chose de très contemporain cherche à se formuler ici : comment dit-on « l’usager » au féminin ? Comment calcule-t-on la stature de la femme du Modulor ?
Lorsque le corps idéal est conçu comme le lieu du standard, comment s’approprier son propre corps ? Comment faire naître sa voix ? Comment dégager son récit du grand récit de l’architecte ?
J’ai cherché à traduire la langue du corps, une langue qui est toute eau et rythme. Délaissant la fiction, j’ai laissé le réel me submerger. À la « machine à habiter », je réponds avec du corps, de la chair, jusqu’à rendre visible l’invisible, jusqu’à donner une place à l’inaudible.
Si tu savais comme je suis bien. »

L’odeur de chlore, Irma Pelatan, éditions La contre-allée, 2019

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  1. Trés jolie petite curiosité littéraire. Un texte intime sur un sujet difficile – le rapport que l’on entretient avec son propre corps. Quelques pages rapidement lues, mais qui laissent une trace durable, par la qualité de l’écriture et la franchise de l’introspection.

  2. L’odeur de chlore n’est pas vraiment un roman, mais plutôt une introspection sur le statut de nageuse, le rapport au corps et l’enfouissement des sentiments. Une lecture plutôt plaisante, mais qui ne mérite pas pour moi de figurer dans mes coups de cœur.

  3. Un très joli livre. Écrit de petits chapitres courts comme des longueurs de bassin de la piscine, qui rythment le récit : à la fois pudique et extrêmement visuel. J’ai aimé la distance de l’auteur à son sujet qui nous le rend encore plus émouvant et proche. J’ai nagé avec elle, je me suis coupée les pieds sur les dalles avec elle, j’ai plongé du 8 mètres avec elle, j’ai senti l’odeur du chlore tout le long du livre.
    Et longtemps après, je comprends mieux l’écrit sur le « souvenir sans nom » qui revient, noyé dans l’eau et dans l’odeur du chlore. Effacé…
    Un livre qui a le mérite de resituer après coup un événement traumatisant d’une vie d’enfance, dans son contexte souvent banal. Et cette fin magnifique de poésie et d’espoir cathartique : « Sous la surface, je m’ouvre immédiatement…j’ondule, pur plaisir d’avancer, d’habiter son souffle… Si tu savais comme je suis bien. »
    Un coup de cœur…

  4. Irma Pela raconte son enfance et son adolescence à la piscine de Firminy. Longueurs de piscine, odeur de chlore, nudité des corps et aussi l’architecture de la piscine….je suis restée en rade quelque part sur le bord du bassin ! Heureusement, le texte est court et se lit rapidement.

  5. Je me suis toujours demandée comment les nageurs professionnels ressentaient de passer la majorité de leur existence à tirer des longueurs dans un bassin sentant le chlore, à l’odeur âcre si persistante. Cela me paraît inconcevable, bien que j’adore nager, quitte à faire de temps en temps des longueurs de piscine, tête sous l’eau et respiration alternées. En ça, Irma Pelatan m’a apporté son éclairage de jeune nageuse ayant participé à des compétitions toute son enfance, son corps se transformant au fil des ans dans le bassin de Firminy dessiné par Le Corbusier. Certains passages relatant ce qu’elle a vécu ne sont pas inintéressants, en particulier l’expérience douloureuse de ses premiers plongeons depuis le tremplin des 6 mètres ou 8 mètres, elle ne sait plus… Ceci posé, je trouve que son texte ne présente pas un intérêt majeur. Deux trois fois, elle semble parler à un interlocuteur (« tu sais… »), sans que l’on comprenne véritablement l’objet de ses écrits. Sorte de journal à distance des années qui se veut par moments poétique, parfois trivial ou encore sert à délivrer certaines petites formules dont je cherche vainement le sens. À quoi s’ajoute une réflexion sur l’architecture de peu de poids. Bref, un livre qui ne m’a pas convaincue et qui, du reste, n’est pas un premier roman mais un très court objet littéraire, n’a théoriquement pas lieu de figurer dans la sélection. Son seul intérêt : on le lit en une heure…

  6. Marie-Séverine
    dit :

    Ce roman est le récit de souvenirs d’enfance d’une jeune femme. Dès son plus jeune âge, elle fréquente assidument la piscine de sa commune, Firminy. Au gré des années qui passent et des longueurs effectués dans le bassin, elle voit son corps se transformer passant de l’enfance à l’adolescence. La natation développe le goût de l’effort, le dépassement de soi, teste les limites du corps et permet de rêver à l’immensité de l’océan malgré les dimensions restreintes du bassin. Dans le même temps, Irma Pelatan décrit la piscine construite par André Wogenscky mais conçue par Le Corbusier à la suite du décès de ce dernier.
    L’auteur écrit à la première personne. Elle s’adresse à quelqu’un qu’elle tutoie : un ami ? le lecteur ? elle-même ? On ne sait pas.
    Avec son style épuré -trop à mon goût car elle tronque les négations en supprimant les « ne »- elle rend hommage tout autant à la nage exutoire qu’aux architectes de ce lieu, Le Corbusier et Wogenscky.

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