Suiza, Bénédicte Belpois

Couverture gallimard du roman Suiza
Suiza, Bénédicte Delpois

FINALISTE 2019

« La tranquillité d’un village de Galice est perturbée par l’arrivée d’une jeune femme à la sensualité renversante, d’autant plus attirante qu’elle est l’innocence même. Comme tous les hommes qui la croisent, Tomás est immédiatement fou d’elle. Ce qui n’est au départ qu’un simple désir charnel va se transformer peu à peu en véritable amour. »

Suiza, Bénédicte Belpois, éditions Gallimard, 2019

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  1. L’écriture est vive, drôle, inventive. Elles nous entraîne avec dynamisme sur les traces de cette drôle de jeune fille dont on ne comprend pas toujours les fragilités. Jusqu’à ce que, à force de clichés machistes et rencontres à l’eau de rose, elle nous laisse sur le bord de sa route…

  2. La construction et l’écriture de ce roman nous tiennent en haleine. Bénedicte Belpois a ce talent d’exprimer justement, avec un langage adapté a chaque narrateur, les émotions des deux personnages. Mais soyons lucides : il n’y a pas vraiment deux narrateurs. Tomàs raconte son histoire, dans laquelle Suiza fait de brèves apparitions. Cette construction est d’ailleurs révélatrice de l’œuvre. Je suis assez étonnée que l’on parle d’histoire d’amour. Certes, Tomàs, après avoir violé Suiza, développe des sentiments. Et Suiza n’exprime pas son absence de consentement. Mais voyons les choses pour ce qu’elles sont : ces deux êtres, chacun inadapté socialement, sont dans une relation de domination-soumission. Et la fin en est la preuve, selon moi. Tomàs reste maître de l’histoire en laissant planer le doute sur nous.
    Donc non, ce n’est pas une histoire d’amour. C’est la découverte pour deux êtres que quelqu’un dans ce monde ne leur veut pas de mal et finit par le protéger. Bénedicte Belpois excelle sur la forme, c’est certain. Mais le fond du roman m’a profondément dérangé : croit-elle nous parler d’amour ou bien voulait-elle créer ce malaise ? Je l’ignore. Pour ces raisons, je ne sais pas s’il fera partie de mes coups de cœur malgré une belle écriture et une lecture captivante.

  3. Mon deuxième coup de cœur ! J’ai adoré cette histoire d’amour magnifique et tragique que l’auteure nous raconte simplement de façon très réaliste et qui pourtant glisse sans qu’on s’en rende compte vers le conte. Ce qui en fait une histoire universelle. Et avec quel brio cette auteur/femme écrit à la première personne/homme l’urgence et les défis du désir masculin. À ce personnage taiseux et habité d’une urgence de vivre, elle prête ses mots d’écrivain, et nous entrons dans son âme… Et de même, quand elle donne la parole à la femme sans mots, toute de peurs et de coups reçus, on est au plus près d’elle…
    Une très belle réussite

  4. « Ici, les gens vont raconter n’importe quoi sur mon compte, après un fait divers pareil. » Comment ne pas poursuivre la lecture avec une telle accroche ? Forcément, ça donne envie de savoir ce qu’il a bien pu se passer. On ne le saura qu’à la toute fin de ce premier roman particulièrement fort, original et attachant. « Suiza », c’est la rencontre entre Tomás, riche propriétaire d’une exploitation agricole dans un sombre village de Galice qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer incurable, et une jeune femme française un peu simple à la sensualité débordante, ne parlant pas un mot d’espagnol, arrivée là en poursuivant son rêve de voir la mer. Le rude village en est plutôt loin… Entre ces deux êtres naît une histoire d’amour d’abord brutale et déséquilibrée, au-delà des mots, qui se renforce au fil des jours, jusqu’à devenir passionnelle. Avec toujours, en toile de fond, les visites de Tomás à l’hôpital qui ne lui laissent aucun espoir de guérison. Un livre magnifique, très maîtrisé, tragique et sensible, à l’écriture subtile qui tient le lecteur jusqu’au dénouement.

  5. Marie-Séverine
    dit :

    Suiza est un récit charnel et sensuel (certaines scènes sont très crues), écrit comme une confession, à deux voix.
    Il narre la rencontre de deux êtres meurtris par la vie et qui vont se sauver mutuellement. Tomas, un agriculteur espagnol atteint d’un cancer incurable, tombe sous le charme de Suiza, une jeune femme en fuite. Dès le premier regard, il veut la posséder pour lui tout seul mais progressivement, elle va lui apprendre l’amour réciproque et l’attention aux autres. Tomas découvre alors les bonheurs simples, une tarte aux pommes, la peinture, une journée à la mer, appeler sa nourrice « maman »…
    C’est un beau roman d’amour qui ne laisse pas indifférent !

  6. « C’est pas souvent, mais des fois, quand tu mélanges bien deux malheurs, ça monte en crème de bonheur », dit la sage Josefina à Tomás qui, selon elle, forme avec Suiza « une petite paire d’inséparables », malgré (ou grâce à) leurs différences : « Les manques lui ont fait une fragilité d’œuf, alors qu’ils t’ont donné une carapace de tortue. » C’est cette alchimie, pourrait-on dire, que raconte Bénédicte Belpois, dans un style particulièrement fort, subtil, contrasté, maîtrisé, allant de la violence virile, vulgaire, verbale et corporelle de Tomás, qui veut à tout prix posséder Suiza, la nouvelle serveuse au bar du village, à la force poétique d’une passion et d’une extase communes. Cet « alcoolique taciturne et peu amène ayant le charisme d’une écumoire et la finesse d’un semi-remorque », condamné par un cancer du poumon, trouve en Suiza un nouvel élan de vie, passé le machisme et la violence première. Elle est arrivée de la frontière suisse dans ce village reculé de Galice pour « voir la mer », mais on en est loin. Tomás l’y emmène ; et ce voyage à la mer, un des moments intenses de leur amour, les réunit dans la beauté du monde : « Je savais que l’endroit la frapperait en plein cœur (…). Les couleurs et les matières s’harmonisaient en équation parfaite qui laissait sans voix, juste pétrifié d’exactitude », nous dit Tomás, qui retrouve alors son émerveillement d’adolescent. Mais une ombre plane dès le début du roman… Et l’effet est d’autant plus réussi que Tomás est le narrateur principal de cette histoire.
    Les personnages secondaires sont eux aussi très attachants, représentant le petit peuple du village : Alvaro, le patron du bar, Ramon l’ouvrier agricole fidèle, père de substitution, Lope, le jeune employé homosexuel, Agustina, prostituée et mère de substitution, elle aussi, qui prend Suiza sous sa protection, la vieille Josefina ou encore Marta.
    Ce premier roman est assurément une réussite. Bénédicte Belpois y fait preuve d’une grande maîtrise, de la langue, de l’analyse et de la narration. Tout en contrastes. Et bouleversant.

  7. Un livre qu’on est obligé de lire d’une seule traite tellement il nous aspire…. c’est « caliente », c’est cru et la fin surprenante ! J’ai adoré !

  8. J’ai aimé ce roman d’amour, amour qui commence paradoxalement par le viol d’une toute jeune fille « simplette ». On verra qu’elle est innocente, mais qu’elle a de réelles formes d’intelligence, malgré ce qu’elle dit d’elle. Les personnages sont attachants : Thomas, qui travaille dur aux champs malgré l’argent de son père et les études qu’il a faites, Josefina qui aime Thomas comme son fils, le vieux Ramon qui veille sur Thomas, Lope le bizarre homosexuel très respectueux qui travaille très bien et naturellement l’adorable Suiza. En revanche, d’autres personnages sont très bruts ! La cousine et son franc-parler, le mari de la cousine, une caricature d’horrible beauf…
    J’ai aimé « Suiza ».

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