Rue Rémy-Dumoncel, dans le quatorzième arrondissement de Paris, se trouve un immeuble blanc – une maison de retraite baptisée Le Tiers-Temps. Au milieu de la cour, un arbre solitaire. Parmi les résidents, un grand échalas, au visage sombre mais aux yeux encore perçants, joue avec ses souvenirs où se mêlent deux langues, l’anglais de son Irlande natale et le français de son exil littéraire. Ce vieux monsieur s’appelle Samuel Beckett.
Ce premier roman dévoile un Beckett surprenant, attendant la fin (un comble), devenu pour ainsi dire l’un de ses propres personnages. On voit défiler les épisodes qui ont marqué son existence, mais aussi la vie quotidienne au Tiers-Temps, où Beckett a réellement résidé. On est saisi par une émotion grandissante à mesure que le roman accompagne le grand Irlandais vers son dernier silence.
Le tiers temps est publié dans la collection Blanche chez Gallimard
Marie-Séverine DUBREUIL
dit :Ce récit n’est une biographie de Samuel Beckett mais il se compose de faits réels ou imaginaires de sa vie. L’auteur choisit les dernières semaines de ce dramaturge pour essayer d’en comprendre le personnage et son oeuvre. Sa description de l’EPHAD est savoureuse, l’écriture fine mais j’ai eu néanmoins beaucoup de mal à me plonger dans ce roman.
Édith
dit :Prix Goncourt du 1er roman, mazette !
Imaginer la fin de vie de Samuel Beckett dans sa maison de retraite, une idée originale ! Ma mère n’était pas au Tiers Temps, mais aux Quatre Saisons… Le côté « trivial » du livre m’intéresse, donc. Je vois que M.B. s’est documentée sur la vie en EHPAD, ou qu’elle l’a connue. J’aime aussi les comparaisons entre la langue anglaise et le français. L’anglais est toujours scrupuleusement traduit. Humaniser Beckett, bonne idée je le répète.
Ce roman ne m’a pas déplu. Mais mes préférés sont parmi mes premières lectures !
Guillemette Galland
dit :On rentre dans un livre avec tout ce qu’on est, bien sûr.
Femme de théâtre, ayant ces 7 derniers années accompagné mes deux parents en maison de retraite, je ne pouvais que m’y retrouver dans ce « Tiers Temps » et dans la rencontre imaginaire avec le grand Beckett.
Mais si j’aime qu’un livre m’aide à formuler ce qui de moi n’est pas encore advenu à la parole, ce que j’attends d’un livre est avant tout une découverte, une surprise de la rencontre avec l’Autre.
Et donc quel plaisir que cette insolence caustique d’un Beckett plus vrai que nature. Quel plaisir – macabre, à son image – de découvrir tout ce que Maylis Besserie a capté et restitué de cet homme d’écriture. Bravo. Quel pied de nez à la vieillesse et à son infantilisation en Ephad et autre institut. J’ai lu comme une revanche de tous ceux dans le tiers temps de leur vie, à qui on ne donne plus la parole, ou qui ne peuvent plus la prendre.
Donc j’ai beaucoup aimé.
Martine
dit :Les derniers mois passés par Samuel Beckett dans une maison de retraite parisienne, le Tiers-Temps, narrés à la première personne… Reposant à la fois sur des faits réels et imaginaires, ce roman (ce n’est pas une biographie) est une réussite. L’auteur parvient à endosser la personnalité de l’écrivain irlandais dont elle nous fait partager les ultimes pensées, un peu comme si nous étions cachés dans sa chambre. L’humour noir, la dérision, l’absurde, le détachement propres à Beckett transparaissent dans cette fiction qui mêle les souvenirs de la vie passée au quotidien difficile d’un vieux monsieur, en bout de course mais toujours brillant. Intéressant et émouvant, Le tiers temps est un très beau livre. Relire Godot d’urgence…
Marie
dit :Belle idée d’imaginer la fin de fin d’un si grand auteur ! L’auteur a l’air de s’être bien documentée sur la vie de Beckett, l’écriture est agréable avec certains moments savoureux qui m’ont bien fait rire. Pour autant, au bout d’un moment je me suis lassée, peut-être que la vie en Ehpad est ennuyeuse pour tout le monde, même Samuel Beckett ?