Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon

Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon

Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C’est à peu près tout. Les enfants d’Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n’en parlent pas à leurs enfants qui n’en parlent pas à leurs petits-enfants. “C’était un nom qu’on ne prononçait pas. Maman, c’était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c’était un non-sujet.

Mon vrai nom est Elisabeth est publié aux éditions du sous-sol

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  1. Livre brillant et intéressant, belle écriture riche, plutôt classique. Une jeune femme veut comprendre les raisons de l’internement en hôpital psychiatrique de son arrière-grand-mère « Betsy », qu’elle n’a pas connue. Pourquoi cette hospitalisation ? Pourquoi est-elle l’objet d’une omertà dans cette famille tentaculaire, où la folie toucherait exclusivement des femmes autour de l’âge de 25/26 ans, à chaque génération. Le mari de Betsy a-t-il eu une responsabilité dans son comportement spécial ? Se sentant menacée, craignant d’être elle aussi atteinte de folie, Adèle Yon se lance dans une recherche fouillée qu’elle aborde comme pour une thèse d’université — l’intérêt personnel et familial en plus. Elle mène son enquête auprès de ses oncles, grands-tantes, arrière-petites-cousines et autres d’une façon minutieuse, presque clinique. Soudain, la narration romancée se transforme en un rapport médical et historique sur la lobotomie. Certes intéressant, mais long, au point de couper un peu trop l’histoire. Au total, un livre que j’ai beaucoup apprécié, sans décider toutefois de le conserver pour la sélection, car il s’apparente davantage à un essai qu’à un roman.

  2. Marie-Séverine
    dit :

    L’autrice part à la découverte de la maladie mentale dont était atteinte son arrière grand-mère. Cette enquête érudite va lui permettre de briser l’omerta familiale sur cette personne. Elle pose beaucoup de questions sur cette aïeule et obtient quelques réponses. J’ai été happée tant par l’histoire de cette famille bourgeoise du XXème siècle que par l’histoire des soins psychiatriques et en particulier l’usage de la lobotomie.
    Ce récit bouleversant est instructif sur les violences à l’encontre des femmes. Cette lecture ne peut laisser indifférent. Je suis heureuse de vivre au XXIème siècle !

  3. Cecile gaubert
    dit :

    Une enquête familiale qui fait ressurgir les secrets enfouis du passé, les conventions d’une société patriarcale et qui démontre les ravages des non-dit.
    Elle nous plonge également dans l’horreur de la lobotomie, avec une partie très clinique sur les origines et pratiques.
    J’ai eu l’impression de lire deux romans, avec deux styles differents, l’un sur le récit familial et l’autre sur la lobotomie, ce qui était déroutant.
    Les retranscriptions des discussions avec les membres de la famille donnent toutefois un rythme au roman et permettent de faire des pauses (bienvenues) dans la lecture de ce récit.
    Un roman qui vaut d’être lu, mais dont le style parfois trop lyrique éclipse la dureté du sujet.

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