Toni tout court, Shane Haddad

Toni tout court, Shane Haddad

« Aujourd’hui, Toni a vingt ans. Elle se regarde dans la glace. J’ai vingt ans. Elle n’a pas l’impression d’avoir vingt ans. C’est son anniversaire et c’est jour de match. »

C’est l’histoire de Toni. Elle se lève un matin, s’habille, déjeune, ferme la porte et s’en va pour la journée. La journée de son anniversaire et d’un match de foot. Le match de son équipe, la sienne, celle qu’elle aime, qu’elle suit, celle à laquelle elle pense à chaque moment de son errance quotidienne. Ce soir, c’est match et toute la journée est une attente. Toute la journée est une projection de son entrée dans le stade, son entrée dans la tribune où déjà les supporters chantent son arrivée. Le tambour, l’épaisseur des fumigènes, la foule de tous ces inconnus. C’est dans cette tribune remplie d’hommes qu’elle trouvera sinon une place, du moins un espace où vivre pour un temps. Parce que la tribune est à la fois un espace qui n’imagine pas une présence féminine et à la fois un espace hétérogène, multiple, indéfinissable. C’est pour cela que Toni est un personnage qui ne veut pas se définir. Elle est entre première personne et troisième personne du singulier, entre deux âges, entre deux temporalités, entre existence et disparition, entre marche décisive et errance sans fond, entre rêve et conscience, entre tumulte et silence, entre femme et homme.

Toni tout court est publié aux éditions P.O.L

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  1. Shane Haddad fait preuve d’un talent littéraire novateur indéniable : une écriture impressionniste, par petites touches, à la ponctuation simplifiée (virgule, point). Son roman mêle les réflexions de la jeune Toni, à la première personne, au regard par moments posé sur elle par un observateur extérieur, exprimé à la troisième personne. Manière sans doute de la désincarner, de montrer que Toni se perd, se dédouble, s’offre malgré tout aux regards tout en se voulant invisible. Toni, dont on suit les pensées et les errements pendant la journée de ses 18 ans, inquiète, nauséeuse, angoissée, frôle le danger, en proie à un chagrin d’amour depuis la veille et à des blessures profondes qu’elle supporte depuis l’enfance. Malgré ses qualités, le roman qui m’a d’abord enthousiasmée ne m’a pas accrochée durablement. Peut-être justement à cause de cette forme littéraire qui en constitue les qualités… et dont je me suis lassée au bout d’une centaine de pages, cherchant dans ma lecture à contourner l’écriture au profit de l’histoire. Mais « Toni tout court » me reste en tête comme un livre malgré tout intéressant et original.

  2. Marie-Séverine DUBREUIL
    dit :

    Toni tout court est un roman étonnant. Il donne la parole à une jeune femme femme le jour de son anniversaire, journée qui doit se terminer par un match de foot. L’originalité du récit m’a tout d’abord intéressée mais seulement au début. Ensuite, j’ai eu l’impression de passer à côté et il m’a été difficile de le terminer alors que ce livre est court. Dommage ….

  3. Je n’ai pas ou su apprécier le style de narration de cet ouvrage. A vrai dire, je suis passée complétement à côté et m’en suis totalement désintéressée une cinquantaine de pages avant la fin. Trop confuse comme lecture.

  4. Guillemette Galland
    dit :

    J’ai lu ce livre un peu en apnée, perdue et perplexe devant ces changements d’adresse perpétuels. Qui parle, à qui, de qui. J’ai trouvé le procédé extrêmement osé et périlleux, mais je n’ai pas vraiment accroché à l’histoire, qui reste, je dirais, presqu’en deçà de la promesse que semble apporter l’écriture. Dommage…

  5. Lu en 3 heures. Le 8ème livre PMG c’était « Elle Elle Elle », ici c’est « Toni, Toni, Toni » sans arrêt. J’ai davantage de sympathie à un moment car il s’agit d’une recherche de reconnaissance. Le livre a dû faire du bien à l’auteure, lui a permis de se défouler. Recherche de style . Dans une même phrase, mélange d’adresse à Toni, et de Toni qui parle elle-même (« Elle » et « J’ai »). Je n’aime pas beaucoup.

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