Son surnom, Stress, c’est Nordine qui le lui a donné. C’était les années 90, dans le quartier du Panier, à Marseille, au-dessus du Vieux-Port. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs, d’Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous.
Sur la photo de classe, à l’époque, Stress était facilement repérable, avec sa peau rose. Et sa mère, Fred, issue d’une vieille famille aristocratique, était une figure du quartier. La caution culturelle.
Mais aujourd’hui, les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Ses anciens potes sont devenus chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer ou pire. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, de tourner un film sur son quartier d’enfance, et de leur faire rejouer leurs propres rôles de jeunes paumés, à coups de scènes colorées et d’arrêts sur image. Les descentes à la plage ou dans les boîtes de nuit, les bagarres et les parties de foot. On retrouve dans cette fresque drôle et acide le Marseille d’hier et d’aujourd’hui, ses quartiers, ses communautés.
Cinq dans tes yeux est publié aux éditions l’Iconoclaste
Martine
dit :Nordine, Ichem, Djamel, Kassim… Et « Stress », le seul blond à peau laiteuse de la bande des années 90, qui revient sur leur adolescence vingt ans plus tard. Anciens petits délinquants du quartier du Panier à Marseille, tous ont pris des chemins différents. L’ancien quartier populaire lui-même a changé, investi par les bobos et les touristes, délaissé par les gens modestes aux dizaines de nationalités qui y cohabitaient, désormais relogés dans les quartiers périphériques. Dans son récit, Stress mêle aux souvenirs (vols, trafics en tous genres, coups de couteaux…), le présent : lui est maintenant photographe de mariages orientaux dans les quartiers Nord, à défaut de trouver un producteur pour son projet de film. Au hasard des rencontres, il croise certains anciens de la bande y compris dans un mariage de luxe, dont le père de la mariée affiche une réussite financière douteuse. Entre passé et présent, Hadrien Bels promène le lecteur dans Marseille non sans un certain talent et raconte sa ville avec le langage imagé local — il ne manque que l’accent. C’est plaisant, ça se lit facilement et vite, un peu comme un roman policier. Je me suis toutefois un peu perdue entre les personnages, et le foisonnement de lieux et d’événements m’a gênée, m’a fait perdre le fil de l’histoire. C’est un premier roman prometteur, j’attendrai de lire le second pour me prononcer…
Marie-Séverine DUBREUIL
dit :En lisant la quatrième de couverture, j’ai été séduite par le thème de ce roman, la gentrification de certains quartiers à Marseille. Je me suis donc plongée avec avidité dans ce roman. Si je n’ai pas été déçue par les personnages, l’ambiance, la justesse des situations décrites, en revanche, la langue utilisée m’a profondément déplue. Est-il nécessaire d’écrire comme parlent les personnages (langage populaire voire vulgaire) pour illustrer son propos ? Je ne le crois pas et j’ai donc refermé ce roman avec soulagement … j’aurais eu du mal à aller plus loin.
Guillemette Galland
dit :Je n’ai pas vraiment aimé ce livre qui ne réussit pas son pari, à mon avis. Les personnages sont caricaturaux, le narrateur ne m’est pas sympathique. Rien n’est vraiment crédible, sauf la peinture de la ville de Marseille, mais qui reste un peu « pour initiés ». Il y a une grande différence à parler d’un lieu pour montrer qu’on le connaît et celle qui consiste à en parler pour donner à l’autre l’envie de le connaître. Cela n’a pas fonctionné avec moi. Dommage.
Corinne
dit :Marseille, la vraie protagoniste de ce livre. Pas franchement loin des clichés. L’auteur va, avec un style relâché, nous faire partager l’histoire d’une amitié entre 5 « potos » issus de quartiers populaires des années 90 à nos jours. Il nous raconte l’évolution de cette amitié, mais surtout celle de sa ville, Marseille ; l’avant et l’après, dont il est nostalgique. Le multiculturalisme, les virées, les combines, les zonards, les ruelles louches, les bars bondés ont fait place à des quartiers aseptisés, sans leur authenticité originelle et fréquentés par « des bobos » refoulant à la périphérie de la ville, les classes populaires.
Je ne connais pas Marseille et me suis sentie perdue à l’évocation des lieux décrits dans le roman et n’ai pas réellement été touchée par l’amour que porte Stress à sa ville d’adoption Néanmoins, ce livre ne laisse pas indifférent, la lecture en est aisée et divertissante. J’adhère.
Edith Sene
dit :Se lit facilement quand on accepte de ne pas toujours comprendre un mot, une expression, une phrase. Mais heureusement, court et aéré. Intéressant pour un lecteur marseillais de découvrir le Marseille des années 1990. assez bien.