Dans ce café d’un petit bourg où Jean-Luc et Jean-Claude ont la permission, tous les jeudis, de venir boire un verre (sans alcool), les choses prennent ce jeudi un tour inhabituel.
D’abord, il y a ce gars, ce jeune gars aux cheveux si blonds, qui émerveille les deux amis parce qu’il vient d’Abbeville. Et puis demain c’est vendredi, le jour de l’injection retard de Jean-Luc, qui sent en lui quelque chose gronder. Peut-être un écho de la tempête qui vient de balayer tout le canton, et qui met en danger les phoques de la baie, pour lesquels Jean-Claude se fait tant de souci… Il suffira d’un rien, d’une contrariété, un billet de loto qu’on refuse de valider à Jean-Claude pour que tout se dérègle. Sous la pluie battante, le gars blond prend les deux amis en voiture. Au Foyer, où ils ne sont pas rentrés à 18 heures, l’inquiétude monte. Il faut prévenir les gendarmes.
Où vont-ils ? On ne sait pas très bien, au PMU peut-être. Et ce gars, que leur veut-il, à eux qui sont si vulnérables ?
Du souci, il en sera beaucoup question dans cette histoire dont une vieille dame et une phoque sont les témoins silencieux, et les collégiens d’une classe découverte des témoins beaucoup plus agités. Sur le parking d’Intermarché, ça ne se passe pas très bien. Faut-il partir encore plus loin, là où la virée pourrait devenir dangereuse ?
On cherchera des abris. Les trouvera-t-on ?
Aujourd’hui, c’est vigilance orange. Demain c’est vendredi. Le jour de voir les phoques ?
Jean-Luc et Jean-Claude est publié aux éditions Verdier
Marianne
dit :Laurence Potte-Bonneville nous fait voyager en baie de Somme, auprès des phoques, en suivant le parcours de plusieurs personnages, tous décalés, à la marge d’une société si contrainte et cadrée. Jean-Luc, Jean-Claude, une femme âgée au foyer, un jeune homme en perdition, un ornithologue misanthrope…
Avec poésie, l’autrice nous fait glisser dans la peau de ces personnages a-normaux, mis de côté, avec empathie et douceur.
Je regrette parfois une écriture un peu forcée, à coups de métaphores dégainées comme des moulinets. Ce n’est qu’un petit bémol, car ce premier roman m’a accroché, et tourner la dernière page laisse un goût de voyage et d’attachement doux pour des personnages pas si faciles à dépeindre – plutôt rare et une réussite pour un premier roman.
Marie-Séverine Dubreuil
dit :Dès le début du récit, on sent la tendresse de l’autrice pour ses deux héros paumés. Elle prend le risque de décrire le handicap mental et force le lecteur à s’interroger sur son propre regard à l’encontre de personnes différentes. Très réussi sur cet aspect du roman même si j’ai eu du mal à aller jusqu’au bout.
Martine
dit :Un sujet très original pour ce premier roman. Alors qu’une violente tempête fait rage, Jean- Luc et Jean- Claude, deux individus inadaptés à la société, croisent un jeune homme blond paumé dans un bar, à l’occasion de leur sortie hebdomadaire. Goût de liberté pour les uns qui aimeraient aller jusqu’à la mer, fuite en avant pour l’autre, la rencontre frise la catastrophe. Je n’ai pas trop aimé le début du livre, décousu, dont l’écriture mêle maniérisme et trivialité puis le charme a opéré. Envie de savoir ce qu’allaient devenir ces deux gars livrés à eux-mêmes, exempts du raisonnement qui nous pousse en principe à poser des limites, à pressentir les risques, envie de comprendre les réactions du jeune blond. Et, à mesure de la lecture, je me suis laissée prendre et je l’ai terminé d’une traite.
Guillemette Galland
dit :Ce petit livre m’a beaucoup touché d’abord parce qu’il m’a confronté à cette sorte de méfiance instinctive qu’on éprouve devant l’autre différent, handicapé. Et que de savoir écrire cela, en plus d’être une prouesse, est un cadeau de pistes de réflexions. L’écriture est très belle, travaillée, poétique parfois. L’histoire, un moment de vie est facile à suivre. J’ai juste un regret sur le « personnage » du phoque, un peu trop énigmatique : soit inutile ? soit pas assez présent ?
Isabelle Galland
dit :Dommage que le livre soit compliqué au début, on a des difficultés à se représenter les personnages, le langage est alambiqué. Heureusement cela s’éclaircit au milieu du roman et on peut s’attacher aux personnages qui forment une fresque sociale très intéressante, des personnes différentes et laissées pour compte mais desquelles on se soucie, des êtres paumées chacun à leur manière mais avec une humanité qui fait du bien.
Catherine Mabille
dit :J’ai été emportée par cette histoire tragi-comique, par son originalité et son empathie envers (presque) tous les personnages. Les deux Jean- partent en goguette et croisent le chemin d’êtres humains ou animaux, on s’attend au pire et finalement… On assiste à une sorte de match « humanité fragile vs administration carrée », ou bien « poésie vs férocité banale du réel » comme le dit la 4e de couverture.
Le tout porté par une belle écriture qui surprend parfois, dans une sorte de folie douce et vous emmène dans de drôles d’histoires.
Mireille
dit :Ce premier roman (Prix Stanislas 2022 du premier roman) nous emmène avec deux personnages très attachants, Jean-Luc et Jean-Claude, qui profitent de la permission hebdomadaire d’aller boire un verre ensemble pour, ce jeudi-là, prendre leur liberté, grâce à Florent, au café par hasard, qui les conduira à l’Intermarché… puis les laissera pour la suite de leur périple. Personnages attachants, fragiles et émouvants, ces deux hommes échappés de leur institution continuent leur virée improbable, risquée aussi, qui les conduira jusqu’à la mer, une classe en sortie scolaire, puis un phoque, énigmatique, à côté de Jean-Claude couché.
L’intrigue, originale, et le style, imagé, poétique, de ce roman plein de tendresse et d’humour, ouvrent à l’imaginaire, voire au merveilleux, qui nous font échapper, à notre tour, à la dure banalité du réel.
Corinne
dit :L’histoire de la rencontre improbable de Jean Luc et Jean Claude, handicapés mentaux, avec un jeune homme marginal dans un bar où ils ont pour habitude et permission de se rendre une fois par semaine. De là, nos 3 protagonistes vont, en quelque sorte, s’échapper avec, au final, pour Jean Luc et Jean Claude, un sentiment de liberté qui risquera de leur coûter cher.
Je n’ai pas franchement aimé ce livre et me suis un peu perdue dans ce récit pourtant plein de tendresse et de poésie.
Edith Séné
dit :J’ai été secoué par la lecture de ce premier roman. La poésie de la mer et d’animaux qui y vivent, face à l’ordinaire d’un café-bar où 2 gars discutent avec la patronne… Deux gars pas tout à fait comme les autres… « tendre et loufoque ». Oui, avec une part-belle à la musique. Très bien ! Mérite un prix.
Julien Gaubert
dit :L’odyssée de deux amis perdus en eux-mêmes qui s’accrochent l’un à l’autre pour ne pas se perdre. Bien que la lecture soit entravée par le recours exagéré à des métaphores, pas toujours compréhensibles, par l’intervention d’un phoque qui pense étrangement comme nous, cette histoire courte est touchante et on se surprend à avoir envie de les suivre dans leur périple. Le point positif est que le sujet complexe de la maladie mentale est traité avec douceur et respect.