Mécano, Mattia Filice

Mécano, Mattia Filice

« J’ai, d’une certaine manière, tenté de dresser le portrait d’un héros d’une mythologie qu’il nous reste encore à écrire », explique l’auteur de ce premier roman, rédigé à la fois en prose et en vers. Le narrateur pénètre, presque par hasard, dans un monde qu’il méconnaît, le monde ferroviaire. Nous le suivons dans un véritable parcours initiatique : une formation pour devenir « mécano », conducteur de train. Il fait la découverte du train progressivement, de l’intérieur, dans les entrailles de la machine jusqu’à la tête, la cabine de pilotage. C’est un monde technique et poétique, avec ses lois et ses codes, sa langue, ses épreuves et ses prouesses souvent anonymes, ses compagnons et ses traîtres, ses dangers. On roule à deux cents kilomètres à l’heure, avec la peur de commettre une erreur, mais aussi avec un sentiment d’évasion, de légèreté, sous l’emprise de centaines de tonnes. Le roman de Mattia Filice épouse le rythme et le paysage ferroviaires, transmute l’univers industriel du train, des machines et des gares en prouesse romanesque, dans une écriture détournée, qui emprunte autant à la langue technique qu’à la poésie épique. Mais c’est aussi un apprentissage social, la découverte du monde du travail, et parfois la rencontre de vies brisées. Un étonnant roman de formation, intime et collectif, où les plans de chemin de fer, les faisceaux des voies, décident de nos mouvements comme de nos destins, où se distinguent et se croisent vers et prose.

Mécano est publié aux éditions P.O.L.

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  1. Une écriture raffinée, recherchée sans être apprêtée, rend la lecture de Mécano très agréable, aussi bien dans les passages versifiés que dans les chapitres en prose. Car Mattia Filice réussit un tour de force. Celui de nous emmener dans l’univers de la conduite des trains, avec ses propres codes, son vocabulaire, ses angoisses, sa solitude, sur un ton poétique qui tranche avec la rudesse des heures de travail solitaires et concentrées. Moi qui, par principe, n’apprécie pas trop les « trucs » littéraires, j’ai été séduite par l’alternance de versification en prose et de texte plus classique, qui se justifie ; elle rythme le récit et entraîne le lecteur, comme le bruit des roues sur les voies de chemin de fer dans la cabine du conducteur. Un premier roman plein de charme, à la fois original et instructif — l’auteur est un authentique conducteur de train. Doublé d’un écrivain, cela va sans dire.

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