Sandra Gérard

La mer est un mur, Marin Postel

La mer est un mur, Marin Postel

« Et c’est peut-être avec l’un de ces sourires narquois, l’une de ces plaisanteries faciles partagées autour d’un verre pris légèrement trop tôt, qu’un jour Antoine a décrété que sa place était ici. Il a cru, lui aussi, qu’il était fait d’un meilleur bois. » Une île de la Manche située à vingt kilomètres du continent. Qu’on y vive depuis la naissance ou qu’on y passe pour les vacances, le va-et-vient des vagues reste le même. Pour les points communs, c’est à peu près tout. Car il y a les habitants des casernes, élevés sur l’île et façonnés par la mer. Et il y a les vacanciers des maisons blanches, ceux de la plaine ou de l’anse, qui frottent leurs vareuses contre les cailloux pour en avoir l’air. Parmi eux Antoine, qui n’aspire qu’à passer de l’autre côté. C’est sa trajectoire que raconte son petit frère en retraçant le fil des étés. Premier roman mélancolique et empreint de poésie, La mer est un mur est une étincelante partition sur la construction d’un garçon, avec son lot de fractures, d’amours et de regrets.

La mer est un mur est publié aux éditions Phébus

Les saules, Mathilde Beaussault

Les saules, Mathilde Beaussault

Allongée au bord de la rivière, cachée par les saules pleureurs, Marie, dix-sept ans, semble paisible, endormie, ce que démentent les marques sombres sur son cou.
Sa mort brutale ébranle toute la communauté, et surtout Marguerite, une petite fille solitaire que tous croient simple d’esprit. Ses parents, peu enclins à manifester leur affection, travaillent leur terre du matin au soir. Livrée à elle-même, maltraitée à l’école, elle aime se réfugier au bord de la rivière, où elle se sent en sécurité sous les saules.
Cette nuit-là, elle a vu quelque chose. Elle voudrait bien aider Marie, la seule qui était gentille avec elle. Mais voilà, Marguerite ne parle pas, ou presque jamais. Mutique derrière sa chevelure sale et emmêlée, elle observe l’agitation des adultes qui, gendarmes ou habitants, mènent l’enquête. Mais comment discerner la vérité parmi les rumeurs, les rivalités familiales et les rancœurs tissées de longue date ?

Les saules est publié aux éditions du Seuil – cadre noir

Orso King, Marc Khalifé

Orso King, Marc Khalifé

Orso King est chirurgien de la colonne vertébrale dans un grand hôpital parisien. Il dirige le service d’orthopédie d’une main de fer, rendant une vie tyrannique à tout le service. Ses pratiques et fréquentations douteuses n’ont jamais fait de vagues jusqu’au jour où un patient succombe sur la table d’opération. L’inspecteur Châteauneuf est à la tête de l’enquête pour démêler le vrai du faux.
Entre deux cigarettes fumées à l’hôpital ou au club de son ami, Orso King doit jongler entre ses soucis professionnels et sa vie sentimentale tout aussi tumultueuse. Ces décès sont-ils les conséquences d’accidents d’anesthésie ou des opérations consciemment vouées à supprimer les patients?
Marc Khalifé nous entraîne dans le milieu des urgences de l’hôpital et l’univers dangereux des spécialistes du bistouri électrique, des pinces et du scalpel.

Orso King est publié aux éditions Herodios

Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon

Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon

Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C’est à peu près tout. Les enfants d’Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n’en parlent pas à leurs enfants qui n’en parlent pas à leurs petits-enfants. “C’était un nom qu’on ne prononçait pas. Maman, c’était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c’était un non-sujet.

Mon vrai nom est Elisabeth est publié aux éditions du sous-sol

Du verre entre les doigts, Alix Lerasle

Du verre entre les doigts, Alix Lerasle

La mère est malade, le père a disparu, l’aîné s’est enfui dans la nuit. Et Nati, ce curieux petit frère, n’est pas un enfant comme les autres. Isolée dans une maison emplie d’ombres, la narratrice interroge le passé. Que cachent tous ces silences autour de leur histoire ? À mesure que le mystère s’épaissit, la maison semble se transformer. Et si c’était elle qui détenait la vérité ?
Porté par une écriture électrique, où l’urgence fait la part belle à la poésie, ce huis clos haletant explore les secrets d’une famille troublante.
« Ce que je raconte c’est l’histoire de la maison
et de nous dedans
je ne dis que ce que je vois et pense et entends
tout est réel et rien n’est vrai
car vous ne voyez que ma tête. »

Du verre entre les doigts est publié aux éditions Le Castor Astral

Après la brume, Estelle Rocchitelli

Après la brume, Estelle Rocchitelli

Sur cette île battue par les vents, où les falaises plongent dans la mer et où la lande court à perte de vue, c’est entre les femmes que tout s’organise. Les hommes, eux, travaillent en mer ou sur le continent. Pour tous, l’île reste un refuge, magnétique et paisible. Pourtant un jour, pendant une promenade avec sa classe, la petite Raph disparaît dans la brume, et quand le temps se lève, la fillette reste introuvable. Tandis que les femmes organisent la battue et que l’inquiétude s’installe, la nature alentour se met à résonner d’une histoire trouble et sauvage.
Dans ce premier roman qui nous entraîne loin de tout, Estelle Rocchitelli nous fait entendre tour à tour les voix de ces femmes, nous conte leurs histoires et ce lien puissant qui les unit.

Après la brume est publié aux éditions Dalva

Lignes de cœurs, Claire Poirson

Lignes de cœurs, Claire Poirson

Bordeaux. Une boîte à livres sur les quais, une carte postale perdue et un coup de pouce du destin : il ne leur en faut pas plus pour se rencontrer et s’aimer instantanément. Mais Antoine et Manon sont des marginaux : plutôt que de céder aux facilités de ce monde qui va trop vite, ils décident de s’écrire des lettres. Cette étrange correspondance épistolaire, qu’ils conserveront coûte que coûte, devient le témoin de leur histoire. Et si le destin, qui les a réunis, décidait à présent de les éloigner, les mots parviendraient…

Lignes de cœurs est publié aux éditions ExAequo

Échappées, Manon Jouniaux

Echappées, Manon Jouniaux

Sur une île, dans une châtaigneraie coupée du monde, vivent sept femmes et leurs enfants. Elles se nomment Sophie, Miriam, Azalée, Caroline, Livia, Paola, Cléo. Le jour, sous l’égide d’Anita, la matriarche, elles travaillent au rythme des saisons, récoltent les châtaignes, s’occupent de leurs petits. La nuit, les langues se délient, les corps se relâchent. Elles dansent, boivent, se disputent. Dans ce décor aussi idyllique qu’étouffant où corps, faune et flore forment une même chair vibrante, elles tentent de cohabiter les unes avec les autres.
La châtaigneraie est un refuge. Depuis huit ans, Anita y recueille des femmes qui ont fui leurs compagnons. Loin de la peur et de la violence qui guette au dehors, elle leur offre un cocon protecteur où voir grandir leurs enfants.  Élevés en meute, ceux-ci s’aventurent chaque jour dans la forêt. Aux confins de leur royaume, à distance des yeux maternels, les vestiges de la brutalité familiale refont surface. Les poings se ferment et les jeux dégénèrent.
Sophie et sa fille vivent ici depuis la création du refuge. Rien ne semble pouvoir changer le cours de leurs existences, mais l’adolescente grandit et commence à poser des questions. Quelles histoires cache cette vie isolée ? Pourquoi est-il interdit aux enfants de franchir l’enceinte de la châtaigneraie ? Entre ce que sa mère voudra bien lui confier et ce qu’elle découvrira au-delà de leur forêt, les masques tomberont. Jusqu’à menacer la châtaigneraie et ses habitantes.
Charnel, puissant, onirique, singulier, un premier roman au style envoûtant.

Echappées est publié chez Grasset

Alors c’est bien, Clémentine Mélois

Alors c’est bien, clémentine mélois

« Il faut que je raconte cette histoire tant qu’il me reste de la peinture bleue sur les mains. Elle finira par disparaître, et j’ai peur que les souvenirs s’en aillent avec elle, comme un rêve qui s’échappe au réveil et qu’on ne peut retenir. Avec ce bleu, j’ai peint le cercueil de Papa. »
Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d’étincelles. Alors qu’il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d’enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une œuvre d’art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d’une cérémonie digne d’un concert au Stade de France : l’autrice raconte cette période irréelle et l’histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit.
D’une fantaisie irrésistible, Alors c’est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C’est aussi l’hommage de l’artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.

Alors c’est bien est publié chez l’arbalète Gallimard

Mythologie du .12, Célestin de Meeûs

Mythologie du .12, Célestin de Meeûs

C’est l’histoire d’un jour de solstice d’été au milieu de nulle part.
C’est l’histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d’un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer
et à enchaîner les bières et les joints.
C’est l’histoire d’un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s’enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C’est l’histoire d’une soirée qui n’en finit pas, d’un snack sur le bord de la route, d’un trip dans la nature et d’une petite cabane au bord de l’eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d’un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l’ennui, de ce qu’on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l’ivresse et de la violence.

Mythologie du .12 est publié aux éditions du sous-sol