Sandra Gérard

Ceux qui restent, Jean Michelin

Ceux qui restent, Jean Michelin

Comme chaque matin, l’aube grise se lève sur l’immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l’appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l’habitude des absences, du lit vide, du quotidien d’épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.
D’une actualité brûlante, cette intrigue intensément déroulée par la plume de Jean Michelin suit l’enquête de ces frères d’armes. Histoire poignante de camaraderie, de celle qui lie les êtres sous les vestes de treillis, ce roman sans concession se penche sur ce que la guerre fait à ceux qui partent, à ceux qui reviennent. À ceux qui restent.

Ceux qui restent est publié aux Éditions Héloïse d’Ormesson

Minuit au bord du monde, Alizée Gau

Minuit au bord du monde est publié aux éditions du Cherche midi

Nichée entre les chaînes de montagnes enneigées, la Zaramestrie est un pays abîmé par la guerre. Après des années de combat, alors que la paix a été déclarée et les armes déposées, les adversaires tentent de cohabiter à nouveau.
Deux étrangers sont attirés en plein hiver dans cette région. Tandis que Leila Alaman, violoniste française, découvre le pays avec un regard neuf et fait la connaissance de jeunes musiciens, le photographe de guerre Tim Volker retourne sur les traces du conflit qu’il a couvert quinze ans plus tôt. Le directeur charismatique et utopiste d’une école de rock, une peintre révoltée et d’autres survivants vont croiser leurs routes ; mais que peut vraiment l’art contre les fantômes du passé ? Et comment reconstruire sur des braises attisées par les crises politiques ?
Une histoire de résilience et d’émancipation, où l’humain et la poésie trouvent un chemin sous les décombres.
Entre le conte initiatique et la fresque sociopolitique, Alizée Gau nous offre un premier roman porté par une écriture libre et cadencée, résolument poétique.

Biche, Mona Messine

Biche est publié aux éditions Livres Agités

Dans la forêt. Une partie de chasse s’organise, menée par Gérald, la gâchette du coin. Devant lui, son chien Olaf piste la trace. Au loin, les traqueurs rabattent le gibier sous les ordres de Linda, un vieil amour qui n’a pas totalement renoncé à lui. Alan le garde-chasse a le cœur en morceaux. Ce soir, il le sait, les biches seront en deuil.
Mais en ce dimanche plus gris que les autres, une tempête approche. La forêt aligne ses bataillons. Les animaux s’organisent. Les cerfs luttent sous l’orage. Et une biche refuse la loi des hommes.
Biche est un conte écologique haletant porté par une plume aussi poétique que tranchante, qui nous plonge au cœur de la forêt, au cœur d’une nature en émoi, et nous rappelle que la terre, en colère, peut gronder sous les pieds des hommes.

Felis Silvestris, Anouk Lejczyk

Felis Silvestris est publié aux éditions Le Panseur

Sans crier gare, Felis est partie rejoindre une forêt menacée de destruction. Elle porte une cagoule pour faire comme les autres et se protéger du froid. Suspendue aux branches, du haut de sa cabane, ou les pieds sur terre, elle contribue à la vie collective et commence à se sentir mieux. Mais Felis ignore que c’est sa soeur qui la fait exister – ou bien est-ce le contraire ? Entre les quatre murs d’un appartement glacial, chambre d’écho de conversations familiales et de souvenirs, une jeune femme tire des fils pour se rapprocher de Felis – sa soeur, sa chimère. Progressivement, la forêt s’étend, elle envahit ses pensées et intègre le maillage confus de sa propre existence. Sans doute y a-t-il là une place pour le chat sauvage qui est en elle. Premier roman d’Anouk Lejczyk, Felis Silvestris nous plonge, le temps d’un hiver, dans une histoire intime et sensible, explorant notre imaginaire et nos inquiétudes face à des choix de vie qui nous effraient autant qu’ils nous fascinent.

Mon mari, Maud Ventura

Mon mari est publié chez l’Iconoclaste

C’est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d’une relation apaisée : ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l’émeut plus. Pour se prouver que son mari ne l’aime plus – ou pas assez – cette épouse se met à épier chacun de ses gestes comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
On rit, on s’effraie, on se projette et l’on ne sait sur quoi va déboucher ce face-à-face conjugal tant la tension monte à chaque page. Un premier roman extrêmement original et dérangeant.

Tigres à la dérive, Nicolas Zeisler

Tigres à la dérive est publié aux éditions Bouclard

Une fois que la Faucheuse est entrée dans ta vie, difficile de ne pas penser tout le temps à elle. Mon père est mort au début des années 90. Ma mère a traité ce deuil en changeant d’hémisphère. Le comité d’accueil, en Argentine, s’est montré à la hauteur de la traversée : un beau-père cyclothymique, des adeptes du zazen, l’ombre de Diego Maradona, la statue de Carlos Gardel et le fantôme du paternel, qui a lui aussi fait le déplacement. Les odeurs de viande grillée parfument alors les rues de Buenos Aires et de Rosario. Le pays profite de ses dernières années de prospérité avant de sombrer dans la crise. En pleine dérive existentielle, au milieu des engueulades et des coups de blues, mieux vaut avoir quelques alliés dans son coin : Andres, un vieillard épris de littérature, Luis, un chauffeur de taxi qui cultive son poil dans la main, et un jeune coach en devenir répondant au nom de Marcelo Bielsa. Parce que la vie, c’est pas du gâteau.

Homéomorphe, Yann Brunel

Homéomorphe est publié chez Gallimard

Le Quartier est une ancienne zone de relégation soviétique, un territoire abandonné aux gangs et à la drogue. En décembre 1995, au cœur des barres d’immeubles délabrés, un accident de voiture inexpliqué brise la famille P. : Vladimir et son fils Dmitri, un adolescent aux dons extraordinaires, sont les seuls survivants.
Pendant vingt-cinq ans, alors qu’il est devenu le plus grand mathématicien de son temps, Dmitri P. refuse toutes les distinctions internationales et mène une existence de clochard. Assommé par la vodka, il est protégé par le Marquis, l’un des chefs les plus puissants du Quartier.
Jusqu’au jour où Dmitri, parmi les ombres, trouve une première preuve de l’équation qui le hante. Il décide alors d’affronter, enfin, son père.

Les méduses n’ont pas d’oreilles, Adèle Rosenfeld

Les méduses n’ont pas d’oreilles est publié chez Grasset

Quelques sons parviennent encore à l’oreille droite de Louise, mais plus rien à gauche. Celle qui s’est construite depuis son enfance sur un entre-deux – ni totalement entendante, ni totalement sourde – voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l’ORL. Face à cette perte inéluctable, son médecin lui propose un implant cochléaire. Un implant cornélien, car l’intervention est irréversible et lourde de conséquences pour l’ouïe de la jeune femme. Elle perdrait sa faible audition naturelle au profit d’une audition synthétique, et avec elle son rapport au monde si singulier, plein d’images et d’ombres poétiques.
Jusqu’à présent, Louise a toujours eu besoin des lèvres des autres pour entendre. C’est grâce à la lumière qu’elle peut comprendre les mots qu’elle enfile ensuite, tels des perles de son, pour reconstituer les conversations. Mais parfois le fil lâche et surgissent alors des malentendus, des visions loufoques qui s’infiltrent dans son esprit et s’incarnent en de fabuleux personnages : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus ou encore une botaniste fantasque qui l’accompagnent pendant ces longs mois de réflexion, de doute, au cours desquels elle tente de préserver son univers grâce à un herbier sonore. Un univers onirique qui se heurte constamment aux grands changements de la vie de Louise – les émois d’un début de relation amoureuse, un premier emploi à la mairie, une amitié qui se délite. Le temps presse et la jeune femme doit annoncer sa décision…

Simone, Léa Chauvel-Levy

Simone est publié aux éditions de l’observatoire

Paris, 1920. Simone Rachel Kahn n’est encore qu’une jeune femme de 23 ans. Esprit libre, férue de littérature, de poésie et de philosophie, elle vagabonde dans le Paris d’après-guerre, à la recherche de quelque chose ou quelqu’un qui, enfin, pourrait la faire renaître. Entre la librairie d’Adrienne Monnier et le Lutetia, elle croise le chemin des Dadas qui l’irritent autant qu’ils l’intriguent.
C’est alors qu’elle rencontre celui qui fera d’elle Simone Breton. L’auteur des Champs magnétiques n’est qu’un jeune artiste, déjà exalté, mais encore à la recherche de repères, de sa véritable voix.
Il est sans-le-sou, après avoir déserté les bancs de l’école de médecine. Simone, elle, est promise à un autre. Et pourtant…
Dans un Paris bouillonnant, voguant entre les bureaux où se trament les numéros de Littérature et les réunions des Dadas – d’Éluard à Aragon –, les deux amants terribles apprendront à se connaître, se tester, s’apprivoiser. Elle sera sa muse. Il sera son échappatoire. Et ils devront se battre, contre leurs passions, leurs démons, leurs parents, pour pouvoir s’aimer, enfin.

Le rapport chinois, Pierre Darkanian

Le rapport chinois est publié aux éditions Anne Carrière

Une rumeur circule dans les cercles de pouvoir. Elle concerne un épais dossier intitulé Le Rapport Chinois. On dit que sa lecture rend fou. Pour certains, ce rapport à quelque chose à voir avec les cartels de la drogue. Pour d’autres il s’agit du manifeste d’un complot mondial. Quelques-uns en parlent comme d’un texte visionnaire.
On s’accorde en tout cas sur l’identité de son rédacteur : Tugdual Laugier. Mais là-aussi le mystère reste entier… Est-ce le nom d’un imposteur surdoué, d’un prophète ou d’un parfait imbécile ?
Quand la société des Hommes devient une farce, la vérité a besoin d’un bouffon. Le premier roman de Pierre Darkanian est une corde tendue par-dessus l’absurdité du monde moderne. On y danse, trébuche et se redresse derrière Tugdual, aussi inoubliable que Falstaff ou Ignatius Reilly, d’un abime à l’autre, d’un rire féroce vers une troublante mélancolie.