Rousse ou les beaux habitants de l’univers, Denis Infante

Sur une terre que l’homme semble avoir désertée, où l’eau est devenue rarissime, tous les vivants – » mobiles autant qu’immobiles » – souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l’évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n’apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.
» Quelques-uns pourtant avaient osé, s’étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s’étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là. «
Rousse ou les beaux habitants de l’univers est publié aux éditions Tristram
Et, refleurir – Kiyémis

Née dans le village camerounais de Nyokon, Andoun est entourée du bruit des houes retournant la terre des cultures d’arachides. Mais ses rêves sont plus grands que cette vie dans les champs. À chaque instant, elle souhaite casser la routine dans laquelle son village entend l’installer. Entre une volonté d’étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, chaque pas vers son destin produira une onde de choc, transformant définitivement la jeune femme, ses proches et tous ceux qui croiseront son chemin.
De Nyokon à Paris, en passant par Douala, Andoun devra affronter la résistance de sa famille très conservatrice. Tiraillée entre son envie d’appartenance et ses désirs de flamboyance, elle tentera de dépasser les préjugés des mondes traversés. Avec ce premier roman inspiré de l’histoire de sa grand-mère, la poétesse Kiyémis rend hommage aux rêves déraisonnables, à la témérité, à la capacité de renaître de celles qui choisissent de suivre leur destinée hors des sentiers tracés.
Et, refleurir est publié aux éditions Philippe Rey
La maison de mon père, Akos Verboczy

« Chaque matin, je remettais au lendemain le projet d’aller à la maison de mon père. Pour la seule fois de ma vie, c’est lui qui m’a attendu en vain. »
Un homme débarque à Budapest, sa ville natale, par un chaud matin d’automne, pour un séjour d’une semaine. Il a l’intention de revoir ses anciens amis, sa famille, son premier amour. De parcourir de bas en haut son arbre généalogique, ou du moins ce qu’il en reste, du petit cousin hooligan aux grands-parents qui dorment paisiblement, l’espère-t-il, sous les pierres moussues du cimetière.
Avec Petya, son compagnon d’enfance, il forme le projet d’aller retrouver la maison que son père a chérie pendant des années, qu’il a longtemps espéré recevoir en héritage, mais qui a sombré avec tout le reste. Cette maison du lac Balaton, ancien pressoir de vignoble, à flanc de colline, où l’on entrait en passant par le grenier. Il faut donc s’empresser de griffonner sur un napperon le plan pour s’y rendre, mais ce geste n’est-il pas aussi dérisoire que de vouloir retracer les contours d’un rêve dont on émerge à peine avant qu’il nous échappe à jamais ?
La maison de mon père est publié aux éditions Le bruit du monde
Maresia, François-Loïs Gautier

« Je n’ai pas toujours été un enculé : j’ai d’abord été un lâche ». Saul Pessoa, avocat médiocre et complexé, a sombré dans l’amertume et la colère après une rupture amoureuse. Son ami d’enfance, le magnétique Martim Von Manstein, issu d’une riche famille allemande émigrée au Brésil, réapparaît dans sa vie, et l’invite à Libânia. Saul découvre alors les ruelles colorées et les plages, les caïpirinhas et le surf, mais aussi le fourmillement bruyant de la favela, les trafics et la corruption, la tension sourde qui monte.
Saul parviendra-t-il à sortir de son inertie, ou se laissera-t-il mystifier par la maresia ? Ce nuage trouble flottant au-dessus des vagues de l’Atlantique Sud… cette brume onirique qui, en réalité, ronge tout ce qui l’approche, jusqu’à l’âme humaine… D’une plume nerveuse et poétique à la fois, l’auteur nous plonge dans le Nordeste poisseux des favelas. Le malaise y est palpable, et le récit se clôt évidemment à toute berzingue, au rythme des percussions.
Maresia est publié aux Éditions du Rocher
La colère et l’envie, Alice Renard

Isor n’est pas comme les autres. Une existence en huis clos s’est construite autour de cette petite fille mutique rejetant les normes. Puis un jour, elle rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, l’alchimie opère immédiatement. Quelques années plus tard, lorsqu’un accident vient bouleverser la vie qu’ils s’étaient inventée, Isor s’enfuit. En chemin, elle va enfin rencontrer un monde assez vaste pour elle.
La colère et l’envie est publié aux éditions Héloïse d’Ormesson
Mississippi, Sophie G. Lucas

Fresque familiale à l’incroyable souffle romanesque, Mississippi charrie près de deux siècles d’Histoire, porté par les voix particulièrement incarnées de ses personnages. Traversant les époques, les drames et les bouleversements sociétaux, cette généalogie mêle la petite et la grande Histoire, du XIXe siècle jusqu’au XXIe, de la colonisation à l’ouragan Katrina en passant par les chasses aux sorcières, la Commune, les deux Guerres mondiales…
Questionnant la violence sociétale et la manière dont elle innerve les familles au fil des générations, Sophie G. Lucas dresse les portraits d’êtres qui courent après leurs rêves, qui tentent de prendre des chemins de traverse et d’émancipation, et dont les existences sont comme une mythologie de vies ordinaires.
Mississippi est publié aux éditions La contre allée
La mort porte conseil, Hervé Paolini

Félix Bernardini dirige l’usine de Pont-sur-Risle, en Normandie. Il pourrait couler une retraite paisible. On le respecte au village. Mais tout se met à déraper lorsque le cancer emporte son épouse. Personne ne comprend pourquoi il se remarie avec cette moins-que-rien d’infirmière. Pensez donc, une femme de trente ans sa cadette ! Il ne faut pas s’étonner que lorsqu’elle vient habiter chez Félix avec son grand voyou de fils, rien ne se passe comme prévu…
La province pour cadre, une entreprise familiale de matériel agricole qui périclite, les filles du premier mariage qui constatent les dégâts, le pire est toujours à venir, comme dans un film de Chabrol mâtiné de Tarentino.
La mort porte conseil est un premier roman fort, percutant, inattendu, écrit avec et sur le nerf, une sordide histoire d’homme veuf et plutôt content de l’être, mais appelé à remettre toute sa vie en cause.
La mort porte conseil est publié aux éditions Serge Safran
Mon petit, Nadège Erika

Belleville dans les années 90 : chez Grand-Maman dans la cité HLM de la rue Piat, Naëlle porte des robes à col Claudine, apprend qu’il faut dire les « intempéries » et non « un temps de merde », s’arrête tous les jours devant chez Madame Ah qui expose des canards sans tête dans son restaurant chinois.
Porte de Montreuil : chez Jeanne, sa mère, infirmière, libre et bohème, abonnée aux huissiers, c’est dîners Bananiabiscottes, tourne-disque et les Jackson Five à fond.
Entre les deux, avec ses frères et soeurs, Naëlle fait la navette, grandit, pose des questions qui restent sans réponse, rencontre des hommes jamais comme il faut, tombe amoureuse de Gustave, de ses yeux verts et de ses nouvelles Nike et devient mère à dix-neuf ans. Les éclats de rire et les silences sont toujours là. Le drame fait comme s’il attendait son heure…
Premier roman bouleversant d’humanité, Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres. Sans savoir que les lendemains, parfois, vous scient les jambes.
Mon petit est publié aux éditions Livres agités
Dès que sa bouche fut pleine, Juliette Oury

Véritable expérience de lecture, Dès que sa bouche fut pleine est aussi un premier roman initiatique, l’histoire d’une jeune femme entraînée malgré elle par son désir, un désir défendu qu’elle va transformer en une force intime capable de la protéger contre toutes les formes d’aliénation. D’ailleurs, le désir et l’appétit sont-ils vraiment si différents ?
Dès que sa bouche fut pleine est publié aux éditions Flammarion
Même le bruit de la nuit a changé, Violette d’Urso

Anna est encore une enfant quand son père meurt brutalement. Elle remplit son absence par quelques objets hétéroclites, par des histoires qu’on lui a racontées et par son puissant imaginaire. Jeune femme, elle comprend qu’elle connaît très peu celui qu’elle s’est inventé en héros. À partir d’un répertoire qui lui a appartenu, elle se lance sur ses traces, arpente les villes d’Italie, d’où il était originaire, et remonte pas à pas l’histoire de sa famille. On la suit dans ce voyage où elle découvre les mille vies de son père, dont certaines sont fabuleuses et d’autres d’une noirceur d’encre.
Même le bruit de la nuit a changé se lit comme une enquête sur un homme passionnément romanesque. Mais c’est aussi un livre sur l’enfance orpheline et la construction de soi avec le manque. L’écriture et le temps long pris pour déplier les pans visibles ou cachés d’une vie et d’une relation en font un roman magnifique sur l’amour d’une fille pour son père.
Même le bruit de la nuit a changé est publié aux éditions Flammarion