Ultramarins, Mariette Navarro

Ultramarins est publié aux éditions Quidam

« Ils commencent par là. Par la suspension. Ils mettent, pour la toute première fois, les deux pieds dans l’océan. Ils s’y glissent. A des milliers de kilomètres de toute plage.»
A bord d’un cargo de marchandises qui traverse l’Atlantique, l’équipage décide un jour, d’un commun accord, de s’offrir une baignade en pleine mer, brèche clandestine dans le cours des choses. De cette baignade, à laquelle seule la commandante ne participe pas, naît un vertige qui contamine la suite du voyage. Le bateau n’est-il pas en train de prendre son indépendance ?
Ultramarins sacre l’irruption du mystère dans la routine et l’ivresse de la dérive.

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  1. Pascal Nicolle
    dit :

    Le titre est trompeur car le livre parle bien de marins mais nous plonge -dans tous les sens du terme- dans les eaux troubles de la pensée et les eaux tumultueuses du lâcher-prise. Un style qui laisse flotter le lecteur entre rêve et malaise, mal de mer (ou de père…?) tant les esprits tanguent dans l’intimité du bord.

  2. La commandante fait corps avec son cargo, elle le ressent comme une part d’elle-même, en devine les moindres rouages comme s’ils étaient vivants. Et le navire semble déceler ses états d’âme. Un jour, par faiblesse, elle accepte de rompre les habitudes de son équipage, et autorise les hommes à se baigner en plein cœur de l’Atlantique, tous moteurs éteints. Mais lorsqu’il redémarre, le cargo dysfonctionne et semble prendre son autonomie, il dérive, des événements étranges surviennent à bord et en halo autour de lui. Cette histoire troublante pose la question des mondes parallèles mais aussi celle des interactions entre l’Homme et la machine, de façon métaphorique. Alors que le dérèglement mental de la commandante projette le cargo dans un univers déboussolé, tout rentre dans l’ordre une fois ses tensions psychologiques dénouées. Ce très beau roman, aussi difficile à lâcher qu’à résumer (!), plonge le lecteur dans un espace vertigineux et sans repères, passionnant.

  3. La commandante d’un bateau commercial autorise son équipage à se baigner en pleine mer faisant fi des procédures de sécurité, ce qui ne lui ressemble pas. Après cette parenthèse enchantée, un changement étrange et mystérieux se produit à bord jusqu’à la fin du trajet.
    Rompre les habitudes, sortir des sentiers battus, lâcher prise… Quelles en seraient les conséquences ?
    Roman poétique et sensible que l’on a envie de lire jusqu’à la dernière ligne. L’autrice vous transporte au sens large du terme.

  4. Hypnotisée par l’illustration de couverture, intriguée par le titre, je me suis délectée du début de ce livre, qui détonait dans la masse de la rentrée littéraire. Bien écrit et original, ce roman s’essouffle cependant à mi-chemin. Alors que l’histoire a quelque chose d’une réjouissante fable ou du conte, elle m’a laissée un peu sur ma faim avant sa fin. Ça fonctionne bien jusqu’au moment où des événements mettent quelques grains de sable dans la mécanique, sans qu’on arrive à la faire repartir. La fréquentation de la mer amène vite à des considérations métaphysiques. C’est peut-être pour cela qu’aux questions que l’on se pose au fil de cette intrigue, il n’y a pas de réponse.

  5. Guillemette Galland
    dit :

    J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a plongé dans un voyage, à la fois réel et aussi intérieur. Avec une écriture sobre et très belle.
    Ce qui m’a séduit : nous emporter sur l’eau dans ce cargo qui est presqu’un corps, tellement la commandante le vit comme elle-même. Nous faire vivre le temps et l’espace de ce voyage au rythme de l’eau et des marins.
    Et nous le faire vivre comme la traversée d’un deuil. Est-ce la peine de la commandante qui va affecter la bonne marche du navire ? En tout cas le temps se suspend à ses malaises et s’arrête à ses réminiscences.
    Et cette belle métaphore dit magnifiquement bien, l’indicible, le vertige, la dérive…

  6. Nous découvrons au Festival Hors Limites de Seine-Saint-Denis que Mariette Navarro a fait une résidence d’écriture sur le même cargo que celui de Francis Tabouret dont nous avions bien aimé le roman !
    J’ai bien aimé ce roman. Une femme capitaine qui mène son bateau et ses hommes rigoureusement, avec respect mutuel entre elle et son équipage. Une baignade autorisée qui va induire le doute, le mystère … Dramaturge, Mariette Navarro n’en est pas à son 1er ouvrage : elle est l’auteur de 2 textes poétiques et de plusieurs pièces de théâtre.

  7. Marie-Séverine Dubreuil
    dit :

    L’auteur raconte le traversé d’un océan sur un cargo. Il est commandé par une femme reconnue pour ses compétences et son professionnalisme. Pourtant, elle va autoriser une baignade en pleine mer ce qui est normalement interdit. Cet écart va provoquer un malaise, à peine perceptible. Là aussi, le huis clos est oppressant mais prenant. Nous sommes embarqué sur ce cargo avec plaisir jusqu’à son arrivée. J’ai aimé ce récit étrange bien servi par une langue poétique.

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