La mort porte conseil, Hervé Paolini

Félix Bernardini dirige l’usine de Pont-sur-Risle, en Normandie. Il pourrait couler une retraite paisible. On le respecte au village. Mais tout se met à déraper lorsque le cancer emporte son épouse. Personne ne comprend pourquoi il se remarie avec cette moins-que-rien d’infirmière. Pensez donc, une femme de trente ans sa cadette ! Il ne faut pas s’étonner que lorsqu’elle vient habiter chez Félix avec son grand voyou de fils, rien ne se passe comme prévu…
La province pour cadre, une entreprise familiale de matériel agricole qui périclite, les filles du premier mariage qui constatent les dégâts, le pire est toujours à venir, comme dans un film de Chabrol mâtiné de Tarentino.
La mort porte conseil est un premier roman fort, percutant, inattendu, écrit avec et sur le nerf, une sordide histoire d’homme veuf et plutôt content de l’être, mais appelé à remettre toute sa vie en cause.
La mort porte conseil est publié aux éditions Serge Safran
Mon petit, Nadège Erika

Belleville dans les années 90 : chez Grand-Maman dans la cité HLM de la rue Piat, Naëlle porte des robes à col Claudine, apprend qu’il faut dire les « intempéries » et non « un temps de merde », s’arrête tous les jours devant chez Madame Ah qui expose des canards sans tête dans son restaurant chinois.
Porte de Montreuil : chez Jeanne, sa mère, infirmière, libre et bohème, abonnée aux huissiers, c’est dîners Bananiabiscottes, tourne-disque et les Jackson Five à fond.
Entre les deux, avec ses frères et soeurs, Naëlle fait la navette, grandit, pose des questions qui restent sans réponse, rencontre des hommes jamais comme il faut, tombe amoureuse de Gustave, de ses yeux verts et de ses nouvelles Nike et devient mère à dix-neuf ans. Les éclats de rire et les silences sont toujours là. Le drame fait comme s’il attendait son heure…
Premier roman bouleversant d’humanité, Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres. Sans savoir que les lendemains, parfois, vous scient les jambes.
Mon petit est publié aux éditions Livres agités
Dès que sa bouche fut pleine, Juliette Oury

Véritable expérience de lecture, Dès que sa bouche fut pleine est aussi un premier roman initiatique, l’histoire d’une jeune femme entraînée malgré elle par son désir, un désir défendu qu’elle va transformer en une force intime capable de la protéger contre toutes les formes d’aliénation. D’ailleurs, le désir et l’appétit sont-ils vraiment si différents ?
Dès que sa bouche fut pleine est publié aux éditions Flammarion
Même le bruit de la nuit a changé, Violette d’Urso

Anna est encore une enfant quand son père meurt brutalement. Elle remplit son absence par quelques objets hétéroclites, par des histoires qu’on lui a racontées et par son puissant imaginaire. Jeune femme, elle comprend qu’elle connaît très peu celui qu’elle s’est inventé en héros. À partir d’un répertoire qui lui a appartenu, elle se lance sur ses traces, arpente les villes d’Italie, d’où il était originaire, et remonte pas à pas l’histoire de sa famille. On la suit dans ce voyage où elle découvre les mille vies de son père, dont certaines sont fabuleuses et d’autres d’une noirceur d’encre.
Même le bruit de la nuit a changé se lit comme une enquête sur un homme passionnément romanesque. Mais c’est aussi un livre sur l’enfance orpheline et la construction de soi avec le manque. L’écriture et le temps long pris pour déplier les pans visibles ou cachés d’une vie et d’une relation en font un roman magnifique sur l’amour d’une fille pour son père.
Même le bruit de la nuit a changé est publié aux éditions Flammarion
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Maria Larrea

L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera.
Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.
Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l’enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et sœurs, l’équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l’orphelinat pour s’embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d’immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines. Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C’est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l’enquête de la narratrice.
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent est publié aux éditions Grasset
Jouer, trahir, crever, Frédéric Massot

Montevideo, 1930, première coupe du monde de football : Alexandre Villaplane est le capitaine des Bleus. Une vedette du ballon rond, le Zidane de l’époque. Il connaît la gloire et les paillettes, avant de se perdre. Dans un sport marqué par la corruption, son attrait pour les combines l’entraîne dans la petite délinquance. Celui que l’on surnomme le « bel Alex », réputé pour son charme et son bagout, est emprisonné plusieurs fois. Alors que Paris devient une capitale allemande, Villaplane poursuit sa chute. Il est recruté par la Carlingue incarnée par Henri Lafont. Cette « Gestapo française » lui permet d’assouvir sa soif d’argent et de mener la grande vie. Jusqu’où le conduiront son cynisme et son abjection ?
Mêlant savoir documentaire et fiction, Jouer, trahir, crever est le roman-vrai de la déchéance et de l’impossible rédemption d’un homme.
Jouer, trahir, crever est publié aux éditions du Rocher
Mécano, Mattia Filice

« J’ai, d’une certaine manière, tenté de dresser le portrait d’un héros d’une mythologie qu’il nous reste encore à écrire », explique l’auteur de ce premier roman, rédigé à la fois en prose et en vers. Le narrateur pénètre, presque par hasard, dans un monde qu’il méconnaît, le monde ferroviaire. Nous le suivons dans un véritable parcours initiatique : une formation pour devenir « mécano », conducteur de train. Il fait la découverte du train progressivement, de l’intérieur, dans les entrailles de la machine jusqu’à la tête, la cabine de pilotage. C’est un monde technique et poétique, avec ses lois et ses codes, sa langue, ses épreuves et ses prouesses souvent anonymes, ses compagnons et ses traîtres, ses dangers. On roule à deux cents kilomètres à l’heure, avec la peur de commettre une erreur, mais aussi avec un sentiment d’évasion, de légèreté, sous l’emprise de centaines de tonnes. Le roman de Mattia Filice épouse le rythme et le paysage ferroviaires, transmute l’univers industriel du train, des machines et des gares en prouesse romanesque, dans une écriture détournée, qui emprunte autant à la langue technique qu’à la poésie épique. Mais c’est aussi un apprentissage social, la découverte du monde du travail, et parfois la rencontre de vies brisées. Un étonnant roman de formation, intime et collectif, où les plans de chemin de fer, les faisceaux des voies, décident de nos mouvements comme de nos destins, où se distinguent et se croisent vers et prose.
Mécano est publié aux éditions P.O.L.
Les mots nus, Rouda

Je m’appelle Ben. Une seule syllabe qui en appelle d’autres. Tous mes potes m’appellent Benji. Ma mère m’appelle chéri. Mon père m’appelle rarement. J’ai 14 ans et le quotidien monotone d’un collégien de banlieue. Les cours, quelques galères, et beaucoup d’ennui. Rien d’exceptionnel. Je suis plutôt petit pour mon âge, je n’ai d’envergure que dans mes rêves. Mon corps menu devient celui d’un géant lorsqu’il se pose dans l’Odysseus aux côtés d’Ulysse 31. Rien ne me destine à devenir le leader de la révolution qui va demain embraser la France.»
Entre Belleville et la Brousse, Ben cherche sa place. Il traverse les années 90, les bouleversements du monde et les luttes sociales qui secouent le pays. Un roman combatif et mordant sur les clivages et les failles de notre société, tendre et poétique sur les amitiés indéfectibles et l’amour pour toujours.
Les mots nus est publié aux éditions Liana Levi
Les enfants endormis, Anthony Passeron

Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d’interroger le passé familial. Évoquant l’ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé qui grandit entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux récits : celui de l’apparition du sida dans une famille de l’arrière-pays niçois – la sienne – et celui de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
Dans ce roman de filiation, mêlant enquête sociologique et histoire intime, il évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et la condition du malade celle
d’un paria.
Les enfants endormis est publié aux éditions du Globe
Lulu, Léna Paul-Le Garrec

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l’expérience de la nature jusqu’à faire corps avec elle.
Lulu est publié aux éditions Buchet-Chastel